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Qui a peur du grand méchant Ego ?

Echo et Narcisse

S'il y a bien un sujet auquel il est impossible d'échapper dès que l'on plonge son nez dans l'univers de la spiritualité, c'est bien celui du tristement célèbre ego. Si l'on en croit les multitudes d'écrits à son sujet, il ne serait qu'une vulgaire illusion, responsable de tous les malheurs sur Terre et constituerait le principal obstacle à notre élévation et à notre bonheur. On le voit pointé du doigt dans une majorité de livres, d'articles dédiés à l'éveil spirituel, et ressort inévitablement comme accusation dans les commentaires des réseaux sociaux. Mais qu'en est-il réellement ? C'est quoi l'ego en fait? Décorticage.

Pas un, mais des egos

En effet, dès le départ, on se heurte à notre premier problème : dès que l'on essaie de donner une définition précise de ce qu'est l'ego, on se rend à l'évidence que c'est un concept plus que flou, qui mélange un paquet de points de vue différents... pour être honnête, on ne sait pas trop ce que c'est! Dans le cadre de cet article, j'ai trouvé pertinent de me focaliser sur trois angles en particulier: 


L'ego en tant qu'individualité, c'est-à-dire la sensation d'être défini et distinct du reste du monde. L'ego est sa représentation populaire, concept qui semble vaguement désigner l'estime que l'on a de soi et qu'il faudrait posséder en quantité adéquate : on a tantôt un trop gros ego, tantôt un ego trop petit. Cette représentation est souvent associée à l'idée du narcissisme; et enfin l'ego au sens spirituel, qui désigne le faux soi, l'identité conceptuelle que l'on a adoptée, et qui prend sa source dans "l'identification au mental". Il nous empêcherait de réaliser notre "véritable nature".


Résultat : toutes ces représentations ses superposent, se mélangent, et et après avoir bien mariné ensemble, donnent naissance à l'ego tel qu'on le conçoit de façon générale dans la culture spirituelle moderne, et que l'on pourrait définir ainsi : le sens d'être un soi individuel, qui n'est qu'illusion, et qui se distingue tout particulièrement par des attitudes et comportements considérés comme narcissiques et égoïstes, par opposition à des comportements humbles et désintéressés. L'éradication de ce sens d'individualité conduirait à la libération ultime, et ferait de nous des sages vivant en permanence dans l'amour, la joie et la sérénité. En gros, se débarrasser de l'ego, c'est jackpot!

jackpot
Un cheminant spirituel réalisant la nature illusoire de l'ego, sous le regard attentif de son guide.
L' individualité, portail sur l'infini

À l'opposé des cercles spirituels qui ont tendance à décourager l'exploration de son sens d'individualité, au profit de croyances de type "tout est un" (ce qui est vrai mais reste une croyance limitante tant que ce n'est pas directement perçu), l'un des secrets de la réalisation consiste au contraire à plonger en plein coeur du sentiment d'être un petit moi séparé et plein de limites. 
C'est d'ailleurs l'un des buts de la méditation et de l'introspection, qui n'est pas de se dissocier de soi-même ou de faire taire son cerveau à tout prix, mais de questionner de façon très pratique la nature concrète de notre expérience individuelle : on commence par réaliser que toutes les certitudes que nous avons à propos de notre identité ne sont que des pensées et des images nous traversant, et que nous sommes en réalité l'observateur de ces mouvements. On va alors chercher à définir cet observateur, et c'est là que tout commence à devenir flou, plus on l'explore de façon directe et moins il devient palpable, impossible de trouver la moindre solidité, la moindre limite ... et c'est ainsi que l'on atterrit directement dans le champ infini et intemporel de la conscience!


Pensez à un personnage que vous incarnez dans un jeu vidéo

Il existe un phénomène absolument épidémique dans le milieu spirituel : condamner la plupart des actes, attitudes ou pensées qui témoignent d'un intérêt vis-à-vis de sa propre personne, et les qualifier d'actions égoïstes et/ou narcissiques. Un nombre incroyable de pratiquants s'imaginent qu'un guide spirituel accompli (en supposant que cela existe) est un être qui n'a absolument aucun besoin, ni matériel, ni affectif et qui ne porte aucun intérêt à sa propre personne, puisqu'il est censé l'avoir transcendée. 
Mais transcender ne veut pas dire exterminer ou ignorer! Ceci est une vision complètement déshumanisée et fantaisiste, et constitue un obstacle majeur à la pleine réalisation de soi. Cette idée n'a rien à voir avec une spiritualité libre et authentique, mais prend sa source dans de bonnes vieilles valeurs religieuses et culturelles, tout à fait caractéristiques nos contrées occidentales : la dépréciation et sacrifice de soi glorifiés, dépeints comme 

Amour de soi & Narcissisme

Notre sens d'individualité s'estompe lors de son exploration, le trop-plein d'ego d'un supposé narcissiste est une légende, et l'ego au sens spirituel n'a aucune base réelle... La réalité est que l'ego n'existe tout simplement PAS! C'est assez extraordinaire de voir à quel point nous utilisons ce concept pour renier les ressentis et aspirations profondes des autres et de soi-même alors qu'il est à 100% imaginaire... c'est le déni de soi, habitude millénaire et passée de génération en génération, qui s'est importé dans notre pratique spirituelle, endossant le costume du Grand méchant ego. Ne faites pas du déni un nouvel ennemi, la réalité est que derrière tous ces comportements, se cache un enfant blessé et perdu qui a désespérément besoin de votre présence...à la place, prenez conscience des moments ou vous réagissez à des attitudes que vous qualifiez d'égotique, et voyez-les comme des sonnettes d'alarme vous indiquant qu'une blessure, une peur, une croyance a été activée et               qu'elle requiert votre attention immédiate. Posez-vous les questions                  suivantes : qu'est-ce qui a provoqué cette réaction?

quelle                        signification j'attribue à l'attitude en question? quelles                        émotions ont été déclenchées ? De quoi ai-je peur ? De  quoi                          ai-je besoin ?

 

 

 

 

Zoolander

la plus grande expression de notre valeur, alorsqu'il ne s'agit ni plus ni moins que de haine et de négation de soi. 

 

À cette croyance se combine également le concept de la personne narcissiste, imprimé dans l'inconscient collectif, et que l'on pourrait décrire de cette façon : il s'agit un individu possédant une trop-haute estime de lui-même, une attention trop focalisée sur le matériel, le superficiel, et qui ne pense qu'à lui. Cette description simpliste est plus cinématographique qu'autre chose, on la retrouve surtout chez les personnages de film ou d'émission de téléréalité ... elle fait partie des idées toutes faites qui permettent de réduire un être humain qui nous dérange en simple stéréotype

Un individu véritablement narcissique est avant tout un être présentant un sérieux trouble de la personnalité et dont le sens d'identité et de valeur intrinsèque a été gravement blessé. Cette blessure va alors le pousser à adopter une identité de façade, construite sur des idées de grandeur et de prestige personnel irréalistes. En surface, le narcissique est intrusif, exploiteur et dénué d'empathie, mais ne vous y trompez pas, en dessous de cette apparente confiance en soi, se trouve un être qui vit dans un sentiment de menace et de honte permanent. Bien loin d'un ego qui serait trop solide donc, il s'agit en réalité d'un mécanisme compensatoire, protégeant un sens de soi défaillant et empreint d'une gigantesque insécurité. 

 

Ainsi donc, la quasi-totalité de l'expression sincère d'un amour pour soi est passée au crible du culturellement et spirituellement correct et pointée du doigt comme provenant d'un vilain ego narcissique. Cette interdiction implicite et explicite de se porter de l'amour sous la forme qui nous convient, est extrêmement pervasive, ses racines sont profondes, et elle représente à mon sens, le conditionnement prioritaire à démanteler pour quiconque se trouve sur un chemin spirituel. Étant donné que la réalisation de soi, ou l'éveil, est synonyme d'amour de soi, vous comprenez le petit problème que ce genre d'idées peut poser ?

L'ego ou l'état d'hypnose
Hypnotoad

Lorsque nous naissons, nous n'avons aucune idée de ce que nous sommes. Nous arrivons dans un état d'ouverture, de confiance et d'amour total. Si nous étions dans un monde idéal, chaque nouvel être recevrait l'amour, la protection et la reconnaissance dont il a besoin en quantité illimitée. Il deviendrait alors, au fur et à mesure de son développement, une parfaite expression de la Source dont il provient; mais également l'individu fluide, présent, connecté qui résulterait de la perspective

unique dans laquelle il se trouve. Le concept de

spiritualité n'existerait alors même pas, nous serions

simplement ce que nous sommes d'instant en instant,

point barre.

 

Hélas, le monde est loin d'être idéal à l'heure actuelle,

et notre développement naturel s'en voit fortement perturbé.

Avec tout mon amour,





           
              

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: il semble solide, il a une existence qui lui est propre et pourtant il n'est pas différent de son environnement, il est fait des mêmes pixels que le reste du jeu. C'est exactement le même principe lorsque l'on parle d'unité : nul besoin de supprimer ou nier l'existence de notre individualité, mais simplement explorer sa nature, ses contours, que l'on suppose bien définis, et s'apercevoir que nous sommes en réalité fait de la même essence que le reste de notre expérience! On se retrouve alors avec un paradoxe : nous sommes infinis, illimités... et finis et limités en même temps! il ne reste alors plus qu'à vivre et à jouir pleinement de la vie en acceptant cette apparente contradiction !

 

En bref, s'il y a une idée à retenir pour ne pas rester bloqué indéfiniment dans son cheminement, c'est celle-ci : ce que vous êtes, l'expérience primordiale du "je" ne peut jamais, jamais, jamais être supprimée, le "je suis" est tout ce qui reste quand tout à disparu, il est la source de toute manifestation et l'ultime réalité. Ne vous cassez donc plus la tête à essayer de vous autoéliminer, c'est la seule chose impossible dans l'entièreté de l'univers, et à la place, questionnez de façon pragmatique la nature de ce que vous êtes, de votre expérience, de quoi est-ce fait, concrètement ?

Lorsque nos besoins fondamentaux ne sont pas comblés, lorsque nos parents sont incapables de nous accepter dans notre entièreté, lorsque nous vivons des événements traumatisants, nous sommes précipités dans des états de peur et de peine intenses, sans aucun moyen de les résoudre. Nous n'avons alors d'autres choix que de nous dissocier de notre expérience, afin de survivre. Nous quittons alors progressivement la conscience de notre corps, devenu un territoire dangereux. Nous adoptons progressivement des croyances sur nous-mêmes, ce qui nous permet d'une part de garder les peines du passé à une relative distance, et d'autre part, d'éviter la formation de nouvelles blessures. Encouragés par la société dans son ensemble, nous quittons de plus en plus le moment présent pour nous exiler dans nos têtes, où les pensées, croyances s'agglutinent à un rythme exponentiel.

 

Lorsque cet agglutinement arrive à former une certaine densité, la conscience, de nature fluide & libre, se retrouve alors comme "piégée" à l'intérieur : elle devient complètement conditionnée, ballotée de droite à gauche par une multitude de pensées automatiques, tel un radeau perdu en pleine tempête. Nous perdons progressivement toute perception de notre nature originelle, et commençons alors à supposer que nous sommes cette espèce d'amalgame de pensées, d'images et de sensations. Très rapidement, nous ne parvenons à être en relation au monde qu'à travers ce filtre conceptuel... nous ne sommes alors plus du tout dans la réalité, mais dans une version alternative, qui mélange éléments du réel et conceptualisations personnelles. C'est cela qui est appelé ego dans les traditions spirituelles, et il s'agit d'un état de véritable transe hypnotique.


L'ego au sens spirituel n'est donc rien d'autre qu'une supposition, c'est une simple pensée, elle-même reliée à d'autres pensées. Il ne possède aucune existence réelle, il est entièrement conceptuel et n'existe qu'à travers l'habitude compulsive qu'à la conscience, qui se colle sans cesse aux pensées et images qui la traversent.

     Sonja
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